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Un monstre d'égoïsme
Février 2025
Être « tout » pour l’autre, être capable de « tout », repose sur une illusion qui, pour que le sujet puisse advenir, doit tôt ou tard se voir brisée. Mais dans ce contexte, difficile d’envisager la séparation sans redouter l’effondrement de l’autre, et sans craindre pour son propre narcissisme – nous ne sommes pas sans savoir qu’à la phase schizo-paranoïde succède la phase dépressive[1].
C’est souvent lorsqu’un individu a été « tout » pour l’autre, que la seule évocation de se séparer de ce dernier s’associe à l’impression « d’être un monstre ». Pour celui qui écoute, une fois la surprise passée, une question se pose : que recouvre cette identification au monstre ?

Au-delà du burn out
Février 2024
Saisir les enjeux psychiques de ce que recouvre un burn out nécessite de passer outre les stéréotypes et autres conceptions populaires, pour voir tout ce qu’il n’est pas, à commencer par un seul syndrome d’épuisement professionnel. Pas plus que la cause directe d’une quantité trop importante de travail, ou d’un seul souci de performance et de productivité, un burn out n’est pas provoqué uniquement par les demandes incessantes et surréalistes d’un ou plusieurs supérieurs hiérarchiques. Il s’agit ici de démontrer que le burn out, au-delà de ce qu’il désigne vaguement, est avant tout un effondrement dépressif pressenti par la réactualisation d’un lien spécifique et non élaboré.

Les passions essentielles
Juin 2023
L'on peut lire ou entendre ailleurs qu'il n'est ni dramatique ni essentiel de n'avoir pas de passion.
Quand "passion" désigne une "vive inclination vers un objet auquel on s'attache de toutes ses forces", alors effectivement, nous ne l'encourageons pas. Au contraire, nous n'encourageons rien qui puisse mobiliser le "tout". Si, en revanche, le terme "passion" est employé pour désigner la sensibilité, l'inclination, l'enthousiasme du sujet pour l'objet-activité qui vient consolider son narcissisme, alors oui, cette passion paraît essentielle.

Le militantisme passionnel
Février 2023
Surinvestissement dans le militantisme jusqu’à l’effacement du moi propre, tendance à imposer un point de vue considéré comme le seul valide, impossibilité à questionner des fondements et aspects de la cause défendue, substitution de la pensée par l’acte, impossible accès à la nuance… Ces mécanismes, dont les caractères extrême et hermétique intriguent, laissent apparaître une configuration où, pour le sujet concerné, l’action de militance prévaut largement sur la cause défendue. Analyser la nature de cet investissement, et donc le type de relation à l’objet, a ainsi imposé de considérer la question suivante : quelle relation entre le militantisme dit "extrême" et la passion ?

Un sentiment de culpabilité
Décembre 2022
L’indistinction « culpabilité/sentiment de culpabilité », si couramment admise, fonde le cœur de notre propos en ceci qu’elle met en lumière, chez le sujet concerné, une véritable croyance d’être coupable et non plus le sentiment de l’être. Enserré par un Surmoi on ne peut plus rigide et tyrannique, le sujet se sent « enfermé », « immobilisé », « coincé », mais ne semble pas reconnaître, dans un premier temps, l’influence exercée dans cette situation par son propre sentiment de culpabilité. S’esquisse alors un vécu particulier, où le sujet se vit comme s’il risquait à tout moment de se sentir coupable, comme s’il était continuellement au bord, à la frontière de cette culpabilité.